Marvel’s Agent Carter et son début de saison très prometteur
Marvel’s Agent Carter est la nouvelle série d’ABC. C’est un spin-off de la franchise Captain America centré sur Peggy Carter, agent fort badass vivant dans les années quarante.
Le pilote ainsi que le second épisode du très attendu spin-off de Captain America, Marvel’s Agent Carter, ont été diffusés mardi soir sur ABC. Ils ont enregistré de belles audiences aux États-Unis, et les critiques sont positives sur ces débuts. La série sera diffusée pendant la pause hivernale de la saison 2 de Marvel : les Agents du SHIELD sur le réseau ABC aux États-Unis
Elle met en scène le personnage de Peggy Carter (joué par Hayley Atwell), qui reprend le rôle qu’elle avait déjà interprété dans les films de la franchise Captain America : First Avenger et Winter Soldier. La série est produite par Marvel Television et ABC Studios.
<video214>
<video99>
Marvel’s Agent Carter, une plongée dans le passé
Le premier film Captain America raconte la transformation de Steve Rogers (Chris Evans), gringalet souhaitant défendre son pays lors de la Seconde Guerre Mondiale, en super-soldat. Il rencontre à cette occasion l’Agent Carter, superbe brune championne de haut niveau dans la badasserie. Ils tombent amoureux, mais Steve est présumé mort au combat.
Entre le film et la série, il y a eu un court-métrage produit par Marvel, qui fait une bonne transition. Le pitch se trouve sur AlloCiné :
« Après les évènements qui impliquent la disparition de Steve Rogers/Captain America, l’Agent Peggy Carter se retrouve enrôlée dans les prémices du S.H.I.E.L.D et s’octroie la mission de retrouver le « Zodiac », malgré les ordres de son chef sexiste qui ne lui donne que des tâches administratives. »
<emb215|center>
L’administration, c’est pas trop son truc à Peggy.
Dans la série qui lui est consacrée, on la retrouve en 1946, dans un prolongement du court-métrage. La guerre est finie, la vie normale reprend son cours… c’est-à-dire que chacun doit reprendre sa place d’avant. Et là, c’est le hic.
Si Peggy Carter est toujours intégrée au SSR (Strategic Scientific Reserve), elle n’est plus au cœur de l’action. La plupart de ses collègues ne la prennent pas au sérieux, se moquent allègrement d’elle et font peu de cas de son expérience acquise pendant la guerre. L’Agent Carter n’est pas la seule à souffrir de cette situation : comme en 1918, on remercie les femmes pour leur service mais on les remplace par les hommes. Deux fois en moins de 30 ans, ça fait beaucoup…
Évidemment, cette situation ne plaît absolument pas à Peggy Carter, qui va en plus se retrouver au cœur d’une enquête tournant autour du père de Tony Stark, Howard, et du trafic d’armes plus étranges et WTF les unes que les autres.
Une série attendue au tournant
Marvel’s Agent Carter était très attendue, car elle promettait enfin une adaptation d’aventures de super héros constituée autour d’un personnage féminin, badass de nature et qui ne possède aucun pouvoir particulier… à part celui de fracasser la tête des méchants en deux secondes.
<emb216|center>
De très bonnes nouvelles séries ont vu le jour ces dernières années, proposant des personnages féminins variés et forts, à la fois profonds et hors des sentiers trop longtemps battus par les scénaristes. Ce n’est pas assez, et c’est surtout quelque chose qui n’avait encore jamais été fait complètement dans le monde des adaptations de comics, pourtant très en vogue (en échappant aux clichés du seul personnage féminin ou de la copine du super-héros).
La production semble être dans cette optique de changement en lançant la première série Marvel centrée autour d’un personnage féminin. Ils ont aussi confirmé la production d’un film sur le personnage de Black Widow, ce qui montre qu’ENFIN, les choses bougent. On lit dans le pitch d’Agent Carter :
« Des années avant que l’Agent Coulson et son équipe du S.H.I.E.L.D ne jurent de protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes de menaces qu’ils ne peuvent concevoir, il y avait l’Agent Peggy Carter, qui avait prêté le même serment mais vivait à une époque différente, pendant laquelle les femmes n’étaient pas reconnues comme étant suffisamment intelligentes ou fortes comparées à leurs homologues masculins. Mais personne ne devrait jamais sous-estimer Peggy.
On est en 1946, et la paix a laissé Peggy dans une drôle de situation : elle fait du travail administratif alors qu’elle préférerait autant être de retour sur le terrain, mettant ses vastes compétences en jeu pour arrêter les méchants. Mais elle essaie aussi de survivre en étant une femme célibataire en Amérique, après avoir perdu l’amour de sa vie, Steve Rogers — alias Captain America. »
Eh oui, les femmes ET les hommes ont envie de voir des nanas badass, de différentes origines, cultures et confessions dans les films de super-héros. Tout simplement !
C’est ce qu’exprime l’actrice dans une interview pour le Hollywood Reporter :
« C’est une bonne occasion de dire aux spectateurs et à Hollywood que les femmes sont bankable. Qu’elles veulent être sur le devant de la scène. Qu’on les regarde, que les spectateurs les veulent, et qu’Hollywood devrait vouloir faire des projets avec des personnages principaux féminins. J’ai le sentiment que pendant les dix dernières années, le monde de la télévision a créé de vrais, de fascinants personnages féminins. Des femmes qui ne sont pas des demoiselles en détresse, des ingénues, ou de vilaines belles-mères. Elles sont beaucoup plus intéressantes et complexes. J’espère que Peggy est dans cette catégorie, mais qu’elle montre aussi ses faiblesses et beaucoup plus de qualités auxquelles s’identifier. »
Parmi les critiques, on lit : « enfin l’héroïne à rouge à lèvres qu’on attendait » (sur Jezezbel). L’actrice avait plutôt raison, surtout qu’on apprend qu’elle est elle-même plutôt badass dans la vie (le contexte de la question est qu’elle a blessé un cascadeur sur le tournage lors d’une scène de bagarre) :
« Je jouais au rugby quand j’étais enfant. […] J’ai été élevée avec des garçons et on faisait des bras de fer. Parfois, j’oublie ma propre force ! »
Des débuts prometteurs
Le résultat, après ces deux premiers épisodes diffusés sur ABC, est plutôt bon : Carter enquête, Carter se bagarre, Carter joue de la condescendance et de l’ignorance des hommes à son encontre pour les retourner à son avantage. Elle utilise intelligemment les codes d’un monde qui lui est défavorable, le tout en tailleur et mise en plis impeccable. Elle est obligée de survivre dans une société sexiste, c’est comme ça : elle doit monter au créneau, faire ses preuves.
Peggy mène sa route plus ou moins seule, elle doit faire sa place avec les poings ou en élaborant des stratégies, en prenant le contre-pied de l’attitude sexiste des gens autour d’elle pour mieux mener sa barque et ses enquêtes !
<emb206|center>
Peggy en blonde, avec un décolleté vertigineux : ne vous fiez pas aux apparences, elle castagne sévère.
Tou-te-s ne sont pas contre elle : Peggy Carter a des ami-e-s qui la considèrent comme une égale, qui la défendent (alors qu’elle préfère le faire toute seule) et ne voient pas de mal à ce qu’elle soit une femme splendide ET totalement légitime dans son travail d’agent. Elle ne semble pas pour l’instant développer d’intrigue « entre amour et amitié », et ça c’est un très bon point qui prouve qu’il n’y a pas forcément de dérive sentimentale dans une relation impliquant un homme et une femme !
Des scènes qui me rappellent ma vie, en 2015, se produisent devant les yeux de Carter en 1946 : entre distance et malaise, je me suis rendue compte que ce qui est à l’origine un élément de fiction inspiré du passé est toujours une réalité bien trop présente.
Style vestimentaire, bande-son et décors sont cohérents avec l’époque dépeinte, mais pas certains éléments scénaristiques : c’est le propre des comics et de leurs adaptations. On s’en fiche de l’Histoire puisque ce n’est pas le propos de la série de restituer la réalité (et oui, je l’accepte aisément, alors qu’on me surnomme « Stéphane Bern avec des ovaires ») !
Peggy est évidement très triste suite à la disparition de Steve Rogers, mais elle avance dans la vie et ne pleurniche pas sur son sort : elle est téméraire et courageuse, sensible mais pas sentimentale, et déterminée. J’espère que les scénaristes ne feront pas dans le larmoyant, et apparemment, c’est pas trop mal parti .
<emb209|center>
Peggy Carter ne se laissera ni impressionner par ses ennemis, ni évincer par ses collègues et c’est vachement bien.
Le sexisme ambiant est d’ailleurs l’un des excellents points de ces deux épisodes diffusés le 6 janvier, qui contrebalancent l’intrigue, laquelle présente une profondeur toute relative (c’est une série d’action, pas une réflexion sur la société et la psychologie humaine).
J’espère que ce show sera un succès et entraînera une revalorisation des rôles féminins dans ce type de séries et films adaptés de comics. J’espère vraiment plus de femmes, et pas uniquement la Schtroumpfette de service, l’amoureuse du héros et/ou sa soeur, sa mère, sa tante… J’espère aussi voir Marvel’s Agent Carter passer le Bechdel test ! Ce n’est pas fou mais ce serait un bon début.
En tout cas, j’ai trouvé ça jouissif de regarder Peggy Carter mettre son poing dans la face de ceux qui se montrent sexistes : c’était une bonne catharsis et j’en avais besoin. J’aime être féministe et pacifiste, dans l’éducation et la pédagogie, ouverte et patiente : c’est un féminisme de notre temps. Mais parfois, ça fait du bien de voir de gros lourds remis à leur place comme il faut !
Et vous alors, vous avez envie de voir la série ? Êtes-vous convaincu-e-s par ces deux premiers épisodes et prêt-e-s à suivre la suite ?
NB : Pour celles qui liraient l’anglais, je vous conseille très fortement cet article de The Mary Sue, qui parle de l’histoire des femmes engagées dans ces services de renseignement pendant la guerre, via un témoignage édifiant : la grand-mère de la rédactrice de l’article a fait partie de ces employées, et a eu une vie passionnante. L’article ouvre des pistes historiques intéressantes et développe des points-clefs autour de ces femmes américaines engagées.
Source : Madmoizelle du 09/01/2015 par Audrey Hepburn