« Retour à Howards End » : une parenthèse de délicatesse si anglaise
Kenneth Lonergan réunit une distribution d’exception dans son adaptation de l’un des chefs-d’œuvre d’E. M. Forster.
Il y a parfois, à l’approche des fêtes de fin d’année, des cadeaux avant l’heure. Cette mini-série (quatre épisodes, dont les deux premiers sont diffusés vendredi 30 novembre) en est un. On le doit au dramaturge, scénariste et réalisateur américain Kenneth Lonergan, par deux fois oscarisé pour son long-métrage Manchester by the Sea, sorti en 2016. Il fallait pourtant oser s’emparer de Retour à Howards End, sans conteste l’un des chefs-d’œuvre de l’écrivain E. M. Forster (1879-1970), et ce d’autant plus que James Ivory en tira, en 1992, un très beau film avec notamment Anthony Hopkins, Emma Thompson et Vanessa Redgrave.
Une Helen effrontée
Et pourtant. Revenir dans cette maison anglaise, source de tant de bonheurs mais de combien de malentendus entre trois familles issues de classes sociales différentes dans l’Angleterre du début du XXe siècle est un véritable plaisir. A peine le premier épisode est-il commencé que nous y sommes déjà, quittant Londres et sa Tamise pour cette maison avec vue. Et sans doute est-ce là l’une des clés de la réussite de cette série : avoir su adopter, d’emblée, un rythme enlevé, volontiers joyeux et un brin malicieux, permis, cerise sur le gâteau, par l’humour – définitivement anglais ici.
Hayley Atwell est tout simplement sublime en Margaret
C’est donc – et sans rien sacrifier à la beauté de la langue non plus qu’à la pensée d’E. M. Forster – tambour battant (avec parfois, seul bémol ici, une musique un peu trop appuyée) que l’on suit les aventures des sœurs Schlegel et de leur drôle de frère Tibby (Alex Lawther). Philippa Coulthard fait une parfaite Helen : enthousiaste, effrontée, en un mot, vivante, tandis qu’Hayley Atwell (que les fans de Marvel connaissent bien) est tout simplement sublime en Margaret.
Il faudrait encore ajouter que Matthew Macfadyen incarne ici avec infiniment de justesse le rôle de Henry Wilcox, et l’on serait encore loin de faire justice à une distribution d’exception. Bref, on pourrait dire que c’est charming quand, en vérité, ce nouveau Retour à Howards End est un véritable bijou de délicatesse.
Source : Le Monde du 30/11/18 par Emilie Grangeray