Affaire Harvey Weinstein : les témoignages édifiants de Rose McGowan, Hayley Atwell et Romola Garai
Ces actrices de séries ont eu à faire à Harvey Weinstein, et elles ne l’oublieront jamais.
Dimanche 8 octobre, le célèbre producteur Harvey Weinstein a été viré de sa propre société, la Weinstein Company, qu’il avait cofondée avec son frère en 2005. La raison ? Depuis quasiment trois décennies, le puissant homme s’en est pris aux femmes, en particulier aux jeunes actrices désespérant de trouver un job qui les lancerait. Harcèlement sexuel, propos déplacés, propositions de rendez-vous dans sa chambre d’hôtel… Jamais condamné, Harvey Weinstein avait toujours réussi à faire taire ses victimes, à coups de règlements financiers (pas moins de huit dossiers entre la fin des années 1990 et 2015). C’est le New York Times qui a dévoilé au grand public ce secret de polichinelle à Hollywood le 5 octobre dernier. Quelques jours plus tard, l’homme était licencié.
Depuis, des voix féminines s’élèvent, à commencer par celle de Rose McGowan. L’actrice de Charmed est devenue le symbole de la lutte contre les prédateurs sexuels à Hollywood. Elle fait partie des victimes d’Harvey Weinstein qui ont accepté un règlement financier à l’époque, en 1997. Alors âgée de 23 ans et à l’affiche de Scream, elle se retrouve dans une chambre d’hôtel avec le producteur lors du Festival de Sundance. Rose McGowan n’a jamais publiquement et clairement expliqué ce qui s’est passé, son accord financier légal (d’un montant de 100 000 dollars) ne lui permettant sans doute pas de le faire.
En revanche, son état d’esprit est limpide sur Twitter, où elle appelle à la démission générale du conseil d’administration de la Weinstein Company et qualifie Harvey Weinstein de monstre. Elle demande aussi à ce que l’on s’intéresse à Bob Weinstein, l’associé dont il paraît inconcevable qu’il n’ait pas été au courant des actions de son frère. Car se taire, pendant toutes ces années, c’est se rendre complice de ces agissements, et c’est ce qu’explique l’infatigable Rose McGowan à longueur de tweets.
This is the girl that was hurt by a monster. This is who you are shaming with your silence. pic.twitter.com/TrtRNiYfIT
— rose mcgowan (@rosemcgowan) 8 octobre 2017
"Cette fille a été agressée par un monstre. C’est elle que vous humiliez par votre silence."
D’autres actrices ont été les victimes d’Harvey Weinstein et osent enfin témoigner, comme Ashley Judd et l’actrice anglaise Romola Garai, héroïne de la série The Hour et plus récemment de Born to Kill. Cette dernière a notamment expliqué au Guardian comment, à 18 ans, on l’a envoyée dans la chambre d’hôtel d’Harvey Weinstein, qui lui a ouvert la porte en peignoir.
"Comme n’importe quelle femme dans cette industrie, j’ai eu une audition avec Harvey Weinstein, alors que j’avais déjà auditionné en bonne et due forme, mais il fallait aussi être approuvée personnellement par lui. Donc j’ai dû aller dans sa chambre d’hôtel au Savoy, et il m’a ouvert en tenue de bain. Je n’avais que 18 ans. Je me suis sentie violentée par cette situation, qui est restée très clairement présente dans ma mémoire depuis."
Cette fameuse chambre d’hôtel au Savoy était un des lieux privilégiés du producteur, qui y attirait de jeunes actrices par tous les moyens, comme le révèle le Times, leur proposant de boire du champagne, de le masser, ou encore de le regarder prendre sa douche.
"Tu ressembles à une grosse truie à l’écran. Arrête de manger autant."
Une autre actrice bien connue du monde des séries, Hayley Atwell, a connu un moment humiliant dans sa carrière hollywoodienne, comme le rapporte Page Six. En 2007, la future "Agent Carter" est alors âgée de 24 ans. Elle tourne dans un film produit par Harvey Weinstein, Brideshead Revisited, et se voit confier un rôle important pour la première fois de sa carrière. Le producteur tente de flirter avec elle. Puis lors d’un déjeuner avec l’équipe de tournage, il lui explique qu’il faut qu’elle surveille ce qu’elle mange. Il a vu quelques images du film et n’est pas content : "Tu ressembles à une grosse truie à l’écran. Arrête de manger autant."
Manque de bol pour lui, la jeune actrice en parle à sa costar, Emma Thompson, détentrice d’un Oscar. Scandalisée, la comédienne décroche son téléphone pour dire à Harvey Weinstein ses quatre vérités, à savoir qu’il est une brute misogyne. Et tout à coup, le rapport de force est différent. Une femme puissante face à un homme puissant. Et non plus un homme qui se croit tout permis face à une jeune femme qui tente de percer à Hollywood. L’alliance féminine et la libération de la parole, voilà encore le meilleur moyen pour mettre un prédateur sexuel hors d’état de nuire, à Hollywood ou ailleurs. Rose McGowan ne dit pas autre chose. Depuis, des actrices influentes, comme Meryl Streep ou Jennifer Lawrence, mais aussi la star masculine George Clooney, ont condamné publiquement les agissements d’Harvey Weinstein.
Source : Biiinge du 10/10/17 par Marion Olité