"Mémoires de jeunesse" par James Kent
<img306|left>Réalisé par James Kent. Grande Bretagne. Drame. 2h10 (Sortie le 23 septembre 2015). Avec Alicia Vikander, Kit Harington, Taron Egerton, Emily Watson, Hayley Atwell, Colin Morgan (II), Dominic et Miranda Richardson.
Tous les ans, le cinéma anglais fournit son lot de films à costume dont les sujets se passent le plus souvent sous l’ère victorienne ou edwardienne. "Mémoires de jeunesse" se déroule un peu plus tard puisque le film de James Kent se situe pendant la première guerre mondiale.
Avant que la mitraille se déchaîne et emporte tout dans un tourbillon de tourments mortels, on aura évidemment séjourné dans de grands domaines et des résidences remplies de domestiques stylés et de jeune gens ambitieux prêts à prendre les bonnes places dues à leur rang dans la société.
Certains ne surmonteront pas cet académisme. D’autres n’en auront cure et s’attacheront à l’histoire originale que conte "Mémoires de jeunesse" de James Kent, c’est-à dire au destin hors norme de Vera Brittain, exemple édifiant d’une femme qui va s’émanciper suite au conflit mondial.
Entourée de jeunes hommes avides de vivre, beaux, intelligents, bien-nés, Vera va les voir un à un disparaître dans le carnage des tranchées. Elle y perd son ami, son frère, son amant et devient infirmière, découvrant par elle-même les horreurs de la guerre. Elle deviendra écrivain pour les décrire, justement dans une autobiographie qui s’intitulera "Mémoires de jeunesse" et qui aura une répecussion énorme dans la sphère anglo-saxonne.
Pour son premier film, James Kent, qui vient du documentaire et a réalisé de nombreux téléfilms, s’est attaché à ses personnages. En s’intéressant à leurs visages et à leurs sentiments, il a réussi à les rendre émouvants et a montré comment une génération assoiffée de modernité, pleine de promesse, a été réduite à néant.
Vera est interprétée par l’actrice suédoise Alicia Vikander, qu’on avait salué en 2011 pour sa prestation dans "Pure" de Lisa Langseth et a qui l’on prédisait un bel avenir. Dans ce "biopic" d’une jeune femme qui se construit sur ses fantômes morts pour l’Angleterre, elle est parfaite.
De l’oie blanche avec chaperon qui entre à Oxford à l’infirmière ayant vécu parmi les gueules cassées, à la pacifiste exaltée qui survit dans le souvenir douloureux de ses disparus, Alicia Vikander démontre la richesse de sa palette de comédienne exceptionnelle.
Avec ses passages obligés, ses belles reconstitutions attendues, "Mémoires de jeunesse" de James Kent ravira les amateurs de grand spectacle. Ceux qui feront la fine bouche à cette réalisation léchée mais parfois impersonnelle garderont le souvenir de cette courageuse petite bonne femme, Vera Brittain, jusqu’à maintenant inconnue de ce côte-ci de la Manche.
Source : Froggy’s delight de septembre 2015 par Philippe Person